Blockchain et smart grids: synthèse des débats

Blockchain et smart grids: synthèse des débats

Retrouvez ci-dessous quelques extraits de notre petit déjeuner débat du 13 février 2017: "Blockchain et smart grids", avec Claire Balva (Blockchain France, Olivier Sellès (Bouygues immobilier) et André Joffre (Tecsol).

 

Le compte-rendu complet des débats est en ligne ici .

 

Extraits

« La blockchain fait écho à des mouvements très anciens de coopération et d’entraide. Une expérience menée à Brooklyn depuis plusieurs mois introduit la blockchain dans la production/consommation d’énergie entre voisins. J’y vois le souhait grandissant d’une relation plus directe entre consommateurs et producteurs. » (Antoine Corolleur, président de Territoire d’énergie Finistère, président de l’AARHSE)

« Le projet Brooklyn ne se limite pas à sa portée financière. Je cite un résident du quartier: «je redistribue mon argent dans le quartier plutôt que de le donner à une entreprise située à des centaines de kilomètres. Je soutiens l’économie locale. J’encourage la construction d’autres unités de production de nœuds de réseau. Cela crée un développement économique au sein de la collectivité, des avantages environnementaux, etc.». » (Olivier Schneid, journaliste à La Gazette des communes)

« Plusieurs applications sont possibles dans le domaine de l’énergie: la blockchain peut permettre d’organiser un système décentralisé entre partenaires, où la provenance et le parcours exact de l’énergie verte peuvent être tracés. La blockchain pourrait également servir à l’archivage de transactions d’énergie, tracées en temps réel, permettant une gestion plus fine de l’électricité consommée. En allant plus loin, il est permis d’imaginer des politiques décentralisées d’énergie. La blockchain permettrait d’automatiser des transactions entre particuliers, producteurs et consommateurs d’énergie. Les quantités d’énergie produites et consommées pourraient être tracées à l’aide de compteurs. Et en fonction des diagnostics, il s’agira d’automatiser les transactions en crypto-monnaie dans la blockchain. Nous pourrions imaginer un procédé identique sur le sujet de la mobilité : un marché décentralisé du rechargement des véhicules électriques par exemple. » (Claire Balva, présidente de Blockchain France)

« La blockchain n’est pas une technologie de rupture ; elle est un très bel objet mathématique, économique, performant et sécurisant. Pour chaque projet de blockchain, l’acteur doit déterminer le critère qui l’intéresse (coût, performance, ou certification). Le projet Confluence a opté pour le critère du coût. Nous équiperons les compteurs Enedis situés dans les logements et les compteurs de production présents sur les installations locales, de petits capteurs de mesures qui viendront nourrir une base de données blockchain pour suivre les variations de production et de consommation locales. Des taux d’utilisation de l’énergie locale seront attribués à chaque habitant. Celui-ci sera informé, mois après mois, de sa consommation rapportée à la production locale. » (Olivier Sellès, responsable de l’innovation à Bouygues Immobilier)

« Une étude publiée en 2014 a montré que la consommation énergétique du réseau Bitcoin était équivalente à celle de l’Irlande (3 Gigawatts). Même si ces conclusions ne sont pas contestables, la comparaison serait plus pertinente si la quantité d’énergie consommée par le réseau Bitcoin était rapportée à celle du système bancaire. Elle nous permettrait ainsi de déterminer si la blockchain est plus énergivore que les systèmes traditionnels. » (Claire Balva )

« A mon sens, la blockchain est précisément une technologie lowcost. » (Olivier Sellès)

« Dans un bâtiment collectif de 50 logements, des panneaux solaires sont installés sur le toit. L’électricité est injectée dans la colonne montante et distribuée dans les étages. En dotant le compteur Linky d’un module complémentaire, chaque compteur installé par Enedis devient un nœud de réseau et il devient alors possible de suivre en temps réel la production solaire et la consommation de tous les logements. Le processus peut générer un nombre considérable de données certifiées par la blockchain. Gros avantage de la démarche : nous bénéficions d’un effet de foisonnement (qui reste toutefois soumis à des problèmes de réglementation). Nous envisageons également d’injecter dans le réseau local du courant électrique produit à partir de panneaux photovoltaïques installés sur des bassins de rétention d’eau. Tous les habitants à l’entour seraient alimentés en partie par cette électricité solaire, tandis que nous pourrons récupérer l’effet de foisonnement . Nous préconiserons la création d’une coopérative des habitants du quartier qui sera propriétaire de l’installation. Les banques coopératives, très attentives à la démarche, pourraient apporter des financements. » (André Joffre, président de Tecsol)

« Quelques observations concernant le foisonnement : la blockchain ne changera pas les lois de Kirchhoff. Elle n’achemine pas le flux d’électricité solaire dans les appartements ou le réseau public. Le développement de boucles locales peut certes contribuer à mieux répondre aux besoins locaux, toutefois, dans ce cas, le réseau public joue un rôle plus assurantiel que sa mission originelle qui est l’acheminement de l’énergie. Il éponge l’énergie excédentaire et apporte de l’énergie lorsqu’elle manque. Dans ce contexte, il doit être payé comme une assurance ; ce que les utilisateurs ne sont peut-être pas prêts à accepter. » (Etienne Beeker, chargé des questions énergétiques, France Stratégie)

« Inspirés par un modèle californien – ZOOX, une startup qui développera des robots taxis électriques dès 2020 – nous développerons des solutions électriques individualisées dans le domaine de l’automobile. La démarche consiste à offrir à des particuliers la possibilité de charger leurs voitures électriques avec leurs propres installations solaires, en autoconsommation, et de bénéficier de leur excédent de production d’énergie dans un autre lieu de consommation. Nous avons conclu un accord avec le Syndicat départemental d’énergies et d’électricité des Pyrénées-Orientales qui installe des bornes électriques. Nous lancerons prochainement le recrutement de personnes intéressées. » (André Joffre)

« Les grandes entreprises du monde de l’énergie semblent se demander aujourd’hui ce qu’elles doivent faire de la blockchain. Elles s’allient avec des startups pour conduire des expérimentations. La blockchain permet à ces startups de construire certains services beaucoup plus rapidement que par un autre procédé. Selon moi, la blockchain redéfinira à terme le rôle des grands acteurs qui, sur certains métiers, subiront une disruption ou la produiront d’eux-mêmes. » (Claire Balva)

« Je suis persuadé que nous ne vivons pas une véritable rupture, mais plutôt une évolution. Les opérateurs traditionnels intégreront probablement la blockchain dans leurs process, notamment eu égard à ses vertus économiques. La technologie devrait également apporter un regain d’intérêt au solaire. » (André Joffre)